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92936-034-8881E781Respiration: Nous avions décrit dans un article précédent l’influence d’une respiration thoracique sur les douleurs de cou. En rapide, une respiration thoracique (favorisée par le stress, l’assise au bureau… voir article) va avoir recours à l’utilisation de muscles accessoires de la respiration (scalènes/SCM) qui s’insèrent sur les cervicales. Leurs contractions répétées (+ de 15000 fois par jours) vont augmenter les contraintes sur les cervicales et favoriser ou maintenir des tensions/douleurs cervicales. Une respiration plus abdominale est essentielle ! à tord nous parlons souvent de relâcher le diaphragme au niveau thérapeutique mais si il n’y a pas de respiration abdominale c’est que le (ou l’hémi) diaphragme ne peut pas se contracter et que ce sont en fait les muscles expiratoires qui limitent l’expansion de la partie inférieur du poumon qui sont contractés incitant ainsi l’inspiration thoracique.

Stress: Le stress a différents effets sur le corps humain. Au niveau musculo-squelettique il va augmenter le tonus musculaire inhérents des muscles notamment au niveau cervical (notamment par effet idéomoteur). Le stress prédispose à une respiration thoracique (voir ci-dessus) et augmente les sécrétions gastriques (=> ulcères de l’estomac et duodénum). Voir plus bas sur « problèmes viscéraux.

Cicatrice de césarienne et autres cicatrices importantes:

Ce type de cicatrice peut sur du long terme maintenir et même être à la source de troubles du cou notamment en affectant la posture général du patient qui cherche à protéger le bas du ventre en se pliant au niveau du bassin. En découle un excès d’extension cervicale et une respiration thoracique excessive… (voir article sur césarienne). De nombreux ouvrages ostéopathiques émettent un lien utérus-C2 pourquoi ???

Problèmes viscéraux: Un patient souffrant d’une gastrite aiguë/chronique ou d’un ulcère gastrique cherchera à protéger cet organe en le sollicitant un minimum mécaniquement. Toute la partie inférieure de l’hémi-thorax gauche évitera de s’expandre. Les muscles expirateurs de la partie inférieure du thorax gauche sont contractés et l’hémi-diaphragme gauche ne contractera que peu. La respiration sera donc plutôt thoracique du côté gauche induisant des tensions sur les scalènes… Le corps cherchera une position antalgique en se recroquevillant autour de l’estomac. Le même principe peut rentrer en jeu avec une fixation du foie, duodénum notamment. De manière plus indirecte le problème peut venir d’une restriction mécanique du colon, rein, utérus, vessie, rate, médiastin…

L’explication nerveuse viscérale: Les viscères réfèreraient aussi par leur innervation notamment sympathique. Si l’estomac est irrité alors le retour nerveux sympathiques sera saturé neurologiquement créant ainsi un segment de facilité au niveau vertébral  de T5à T10 (étage de l’innervation sympathique de l’estomac). La capsule de glisson qui entoure le foie est innervé par le nerf phrénique qui provient des cervicales (C3-C5), si cette capsule est irrité, cela pourrait participer à des cervicalgies.

A propos de l’estomac et du duodénum ce sont des organes très sensibles au stress. Café, alcool, anti-inflammatoires augmentent les chances de développer une gastrite/ulcère. Donc si l’estomac est l’une des causes du mal de cou du patient, l’utilisation d’anti-inflammatoires et de certaines boissons ou nourritures ne ferait que maintenir voire même exacerber le problème !

poitrine et soutien gorges: la poitrine voluptueuse est souvent source d’inconfort. Imaginez 2kg ou plus pesant sur votre thorax avec un bras de levier assez important. Le tout maintenu par un élastique compressant la cage thoracique inférieure. Donc d’une part le poids de la poitrine force le patient à contracter de manière excessive les érecteurs des hautes thoraciques et du cou, d’autre part les bretelles pèsent sur les épaules obligeant une contraction trapèzes, et en plus le soutien-gorge rend plus difficile la respiration abdominale favorisant ainsi la respiration thoracique que l’on sait prédisposer à des troubles des cervicales (voir ici une video en anglais pour avoir un soutien-gorge bien ajusté). Nous pourrions aussi parler des prothèses et de leur implantation sous pectorale qui limite très fortement la mobilité des côtes supérieures, où encore des opérations suites à un cancer qui vont créer des adhérences cicatricielles et affecter la mobilité de l’épaule et donc du cou… Aussi à la puberté la poitrine peut-être ressentie comme une protubérance honteuse favorisant l’introversion. L’effet idéomoteur de l’introversion est le repli sur soi-même qui induit une plus forte cyphose thoracique et par conséquent une compression facettaire au niveau des cervicales.

L’effet idéomoteur: L’effet idéomoteur pourrait bien avoir un rôle important dans les tensions et douleurs cervicales.


L’effet idéomoteur du stress va favoriser une respiration thoracique. L’effet idéomoteur de l’introversion va comme nous l’avons vu ci-dessus provoquer un repli sur soi-même et par conséquent augmenter l’extension cervicale. L’effet idéomoteur du jugement est cette flexion des hautes cervicales (le professeur vous regardant par dessus ses lunettes). Ce trait de caractère excessif et chronique pourrait bien donner une dysfonction somatique chronique en flexion des hautes cervicales.

Le travail: le travail est souvent un facteur qui participe directement ou indirectement au mal de cou. Une mauvaise posture au bureau va favoriser les tensions au niveau des trapèzes, scalènes, …, et exagération de la courbure cervicale (Flexion, extension, rotation flexion latérale) et peut aussi influencer sur le stress et encourager une respiration  thoracique. Mais d’autres travails peuvent aussi apporter leurs lots de tensions cervicales, un plombier, un maçon ou un peintre vont souvent avoir leur cou en hyper-extension compressant ainsi les facettes articulaires. De même que la standardiste qui n’a pas de kit main libre bloque de manière répétée son téléphone entre son oreille et son épaule infligeant une forte flexion latérale à ses cervicales.

base_jump_kl_01hobbie et sports: Vous l’imaginez certains sports ou hobbies vont prédisposer, causer ou maintenir des problèmes de cou. Leur posture est a envisagé comme élément important dans leur trouble. Du DJ qui plaque son écouteur contre son épaule en passant par le batteur qui se crée des mini whiplashs en rythmant frénétiquement sa musique, au surfeur allongé sur sa planche le cou en extension, au plongeur qui se trouve dans la même position, au base-jumper se prenant des whiplashs à chaque ouverture fortuite de son parachute et une onde de choc verticale à l’atterrissage…

Ipad Iphone et autres tablettes électroniques: (Voir article Aïphone ou iphone) L’utilisation excessive de ces tablettes électroniques (au même titre que la lecture intensive )oblige une flexion excessive de la jonction cervico-thoracique. La fonction influant sur la structure, au repos cette jonction tendra vers une plus grande flexion et lorsque le patient tiendra sa tête droite cela impliquera une exacerbation de la lordose cervicale augmentant la compression des facettes cervicales.

Dormir: Dans quelle position dormez-vous ? combien d’oreillers utilisez-vous ? Dormir sur le ventre souvent impose une rotation extrême au niveau cervical. Ça passe lorsque vous avez 10 ans mais à 40 bonjour les problèmes. Il n’est pas rare d’entendre des patients qui disent dormir sur le ventre avec un coussin sous la tête ! rotation plus extension = Jackpot !!! Dormir de manière excessive sur une épaule  peur compresser votre sterno-claviculaire (voir plus haut) et si le coussin n’est pas de la bonne épaisseur alors vos cervicales subiront une flexion latérale prolongée. En étant sur le dos prévoyez un coussin de la bonne épaisseur. Si votre dos est un peu cyphosé vous devrez opté pour un coussin plus épais que si votre dos manque de cyphose. Bien évidemment dormir dans son canapé, dans l’avion, ou dans le train est souvent synonyme de douleur cervicale le lendemain…

Problèmes vertébraux: Bien sûr des restrictions thoraciques ou lombaires et même sacro-coccygienne peuvent influer sur le cou. N’oublions tout de même pas que ces tensions peuvent être de nature viscéro-somatique ou psycho-somatique…

Problèmes posturaux: Une attitude scoliotique, cyphosique peuvent influer sur la mécanique cervicale. Ainsi une jambe courte, un ilium haut, une hémi-vertèbre peuvent influer sur les cervicales.

D’autres tensions: Certains collègues rapportent des problèmes de chevilles ou de membres inférieurs liés avec des problèmes de cou. Pourquoi pas, est-ce qu’un défaut proprioceptif périphérique demande une correction excessive aux muscles sous-occipitaux ?

Once upon the time/ il était une fois

Vieux traumas: N’oublions pas les traumas passés !!! Un vieux whiplash à la suite d’un accident de voiture traumatique il y a 10, 20 ou 30 ans peut avoir une forte influence sur les tensions cervicales ressenties aujourd’hui.

De même une naissance traumatique ou enfiler de manière répétée des T-shirts au col trop petits voir article sur comment porter bébé)  pourrait laisser des restriction cervicales chroniques et pourquoi pas une certaines appréhension de la vie en général.

Est-ce qu’un enfant qui pleure beaucoup les premières années de naissances est plus susceptible de développer des problèmes de cou étant plus âgé ? Si il pleure beaucoup , il y a de forte chance qu’il hyper-ventile avec une respiration thoracique favorisant les tension sur les cervicales. De même cette panique chronique pourrait avoir un effet sur sa psychologie étant adulte le rendant de nature plus stressé… (stress=>estomac/respiration => tension cervicale)

Il est de ma croyance que les traumas nous atteignant avant la puberté sont très bien compensé mais ont une influence mécanique d’autant plus importante sur notre corps car ils ont un effet sur notre développement corporel. Un exemple pourrait être celui d’une fracture du fémur pendant la croissance. L’enfant s’en remettra rapidement mais il est fort probable qu’il s’en suive une différence de longueur de jambe qui affectera globalement ce patient toute sa vie.

Un exemple caricatural

Par exemple le patient souffre du cou. Pourquoi ?

  • car il a une irritation facettaire (dysfonction somatique) aigüe de C5-C6 avec une hypertonicité des muscles scalènes, trapèze et élévateur de la scapula. Pourquoi ?
  • On observe une respiration thoracique plus importante à droite avec une élévation des premières côtes et une fixation de la sterno-claviculaire. Pourquoi ?
  • le patient rapporte dormir sur le côté droit ( problème de compression de  S/C et compromet la mécanique de l’épaule), et de travailler sur ordinateur (mauvaise posture très certaine => tension épaule cou + respiration thoracique =>hypertonicité des scalènes, muscles accessoires de la respiration, possible syndrome de la souris). De plus dernièrement des difficultés de digestions en fin de repas. Pourquoi ?
  • stress au boulot + café => possible gastrite/duodenite

Pourquoi, pourquoi, pourquoi ???


Conclusion

Comme vous pouvez l’apercevoir un cou douloureux n’est pas synonyme de cou à manipuler. Les causes potentielles sont nombreuses et parfois il est  difficile de savoir  ce qui est influant de ce qui ne l’est pas.

Si votre seul outil est un marteau vous ne verrez que des clous. Il est souvent difficile d’ouvrir son approche car cela implique souvent reconnaître que l’on avait tord (même si cela n’est que par omission).

Avoir une vision ostéopathique est différent que d’utiliser des techniques ostéopathiques de manière symptomatique. Malheureusement lorsqu’un professionnel de santé étudie l’ostéopathie avec un DU de seulement 300hrs sur 2 ans il ne verra à une cervicale douloureuse qu’une solution: la manipulation cervicale (qui au final n’est pas particulièrement efficace voir ici).

Il faut rappeler que la manipulation cervicale est l’acte le plus dangereux en ostéopathie ou en thérapie manuelle (voir ici). Éviter un maximum de les manipuler est alors impératif. Travailler de manière ostéopathique sur l’ensemble des chaînes pouvant provoquer ou maintenir un mal de cou permet d’éviter grandement l’utilisation de ces manipulations diminuant alors nécessairement la sinistralité.