L’énergie…

On entend beaucoup parler du mot « énergie » en thérapie alternative ou dans le domaine de l’ésotérisme. Ça fait bien, ça fait hype, ça fait branché:

Les voyants ressentent l’énergie de l’au-delà, les radiesthésistes peuvent canaliser l’énergie cosmique, les thérapeutes vous transmettent ou font circuler cette énergie et le Feng Shui donne une énergie positive à votre bureau…

Il est dit que le vocabulaire d’une langue formate la vision du monde de celui qui la parle (peuple, civilisation). Si à une définition Il n’y a pas de mot correspondant comment alors bien comprendre la notion qu’elle définit ? Comment ce concept peut alors facilement être compris par le grand public ?

Cet exemple en est un : Quel est le mot pour dire qu’une définition est orpheline ?

Le concept « d’énergie » propre aux thérapies alternatives serait-il mal-adapté car son sens est trop antinomique avec la définition académique scientifique ?

Et si il nous manquait le mot « influpsy » ?

Avant de répondre à cette question il est préférable de lire l’article suivant.

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Le danger de l’utilisation du mot énergie au sens ésotérique

Sans prétendre être scientifique on s’aperçoit que l’appropriation du mot « énergie » par l’ésotérisme et les thérapies alternatives, bien qu’en surface anodine et bon enfant, est en fait à quadruple tranchant :

1. Elle donne souvent naissance à une sorte de quiproquo et de confusion pseudo-scientifique qui laisse à penser qu’il existe une substance invisible impalpable, non-mesurable dont les qualités varient grandement entre chaque thérapie alternative.

2. Devenant un terme fourre-tout, l’utilisation du mot « énergie » biaise insidieusement le raisonnement des personnes qui l’utilisent, les empêchant de reconnaître les vrais forces qui sont à l’œuvre. Elles vont alors privilégier l’effet de « l’énergie » avant de considérer l’effet placebo, les biais cognitifs ou d’autres effets tout à fait physiologiques…

3. Ne pas comprendre les vrais forces qui sont à l’œuvre est évidemment un frein à l’efficacité thérapeutique car on ne comprend plus quels paramètres influent véritablement au niveau thérapeutique.

4. Adopter un tel langage et une telle posture participent à la régression de l’intelligence collective, discréditent le thérapeute aux yeux d’autres professionnels de santé et pourrait alors entraver la thérapie qu’il pratique à tendre vers une certaine légitimité thérapeutique (car une explication subtile et rationnelle existerait bien).

 

L’énergie dans les thérapies alternatives et dans l’ésotérisme

E. N. E. R. G. I. E. Mais qu’est ce que ça veut bien vouloir dire ?

Dans un prochain article nous vulgariserons la notion d’énergie au niveau scientifique 

Alors que d’un point de vue scientifique le mot énergie a tout son sens et est


bien défini, dans les thérapies alternatives et dans l’ésotérisme le mot énergie est d’un flou artistique sans commune mesure, il existe même sous une bonne forme et sous une mauvaise forme !

Ainsi on entend parler de l’énergie qui traverse les méridiens, l’énergie astrale, l’énergie cosmique, l’énergie d’une vie antérieure, la bonne/mauvaise énergie d’un sortilège, d’un objet, d’une pièce, d’une personne. On peut ressentir une boule d’énergie, palper les couches énergétiques et même transmettre de l’énergie à distance !

Parle-t-on à chaque fois de la même énergie ? Posez donc cette question à quelqu’un qui utilise ce mot « énergie » et vous verrez que c’est comme la bible ou le coran : chacun a sa propre interprétation.

L’inconvénient d’une utilisation si générale et déraisonnable du mot c’est qu’on ne sait pas ce qu’elle définit exactement. Est-ce quelque chose qui est identifiable scientifiquement ou non ? est-ce un mixe des 2 ? Et si c’est un mixe des 2, où se situe la limite exactement ?

Mais en fait ce serait presque la raison de l’utilisation de ce mot : faire en sorte qu’on ne puisse comprendre ce qu’il se cache derrière son innocente utilisation. Et pour cause ! cela permet de ne pas pouvoir invalider la pratique ésotérique et de montrer à quel point la science a des limites.

Énergie passe avant placebo, biais cognitifs et autres explications rationnelles

Si l’ « Énergie » est quelque chose qui est déjà expliqué par la science alors pourquoi vouloir utiliser un autre mot ?

Si Énergie n’est pas quelque chose qui est déjà expliqué par la science alors dans ce cas là il faudrait, lorsqu’un phénomène est étudié, d’abord le disséquer sous ses effets les plus logiques et raisonnables (mécaniques, chimiques, mathématiques, physiques, biologiques, physiologiques…).

Si à ce moment il reste une partie du phénomène qui reste encore inexpliquée alors avant de parler « d’énergie » il faudrait aussi comprendre quelle pourrait être l’influence du placebo, de la suggestion et des biais cognitifs.

Si et seulement si après avoir eu toute cette démarche, il reste une part de mystère inexpliqué on peut alors soulever la question de savoir si une « énergie » est à l’œuvre.

Pourtant ce qui est assez étrange, c’est que les personnes qui utilisent le mot « énergie » de manière abusive sont les premières personnes à ignorer complètement l’effet placebo, l’importance de la suggestion et la notion de biais cognitifs ou en tout cas à ne pas y accorder la bonne priorité (cad considérer l’énergie avant de considérer la suggestion/placebo).


Il est même navrant de voir que parfois, certains « thérapeutes » n’ont  que trop peu de connaissances scientifiques ! « Navrant » peut sembler trop fort pourtant ne serait-il pas dangereux qu’un rebouteux sous prétexte qu’il ressente un « vide énergétique » fasse une manipulation sans aucune connaissance en pathologie/physiologie/anatomie ?

Mais la connaissance générale avançant, les phénomènes physiologiques/physiques/chimiques(…) ont tendance à être un minimum compris par les thérapeutes alternatifs, mais un domaine qui l’est souvent moins est le domaine de la suggestion ou du placebo.

Et si, l’influence de « l’énergie » pouvait très souvent s’expliquer par la suggestion et les biais cognitifs ?