Chapitre 10

L’oeuf ou la poule ?

La description entre les mouvements idéomoteurs simples permis par la position des mains sur la tête du patient et la description de la mécanique ostéopathique crânienne est frappante de similarité à un près.

Évidemment on peut reprocher ici de décrire exactement (à un près) la mécanique crânienne d’une manière active provenant du thérapeute et de donner une description hasardeuse qui convient à ce qui est ressenti. C’est en partie vrai, mais :

1. Si ça se passait exactement comme ça, c’est ce que l’on ressentirait

2. Si un ostéopathe redécouvrait l’ostéopathie crânienne, et si les os du crâne ne bougeaient pas, alors en plaçant ses mains de la même manière que Sutherland/Magoun, il décrirait les mêmes « mouvements crâniens »(à un près) !

3. Si ça n’était pas le cas alors cela voudrait dire qu’une force supérieure ferait si bien les choses que la position des mains pour faire du crânien est exactement la position qui optimise le ressenti des os du crâne car la main du thérapeute se trouve dans une position qui favoriserait les mouvements les plus naturels et physiologiques… Alléluia !

4. Comme nous l’avons vu (et que l’on verra plus loin) des expériences simples sont particulièrement révélatrices du fait que des effets idéomoteurs sont à l’oeuvre

5. Observer l’ostéopathie crânienne avec cette compréhension va d’une part expliquer de nombreuses choses, ouvrir une porte vers le somato-émotionnel, et peut-être sauver cette approche thérapeutique.

Peut-il y avoir effet idéomoteur et « mouvement rythmique et inhérent » des os du crâne ?

Ardents défenseurs du mouvement rythmique et inhérent des os du crâne ne vous en faites pas, car en aucun cas votre parole est remise en cause, en aucun cas la théorie de l’effet idéomoteur ne peut prétendre infirmer l’existence de « mouvements rythmiques et inhérents » des os du crâne. Par contre il semblerait juste qu’un mouvement beaucoup plus flagrant a été jusqu’à ce jour complètement occulté par les promoteurs de l’ostéopathie crânienne. Ils sauraient ressentir des mouvements de l’ordre du µm mais incapables de ressentir le mouvement de leurs propres mains de l’ordre du mm…

Comme nous ne sommes pas en mesure de prouver l’inexistence d’un rythme inhérent des os du crâne qui serait palpable, imaginons le pire scénario pour l’ostéopathie crânienne : que se passerait-il si ces os n’émettaient pas de mouvement rythmique palpable ? Devrait-on pour autant déclarer cette approche thérapeutique comme charlatanesque et de la retirer de l’enseignement voire interdire cette approche thérapeutique ?

Serait-ce la fin de l’ostéopathie crânienne ?

Il n’en est rien, bien au contraire car cet effet idéomoteur cache bien des surprises et pourrait bien offrir un second souffle à l’ostéopathie crânienne.

En effet, ce mouvement idéomoteur permettrait à l’ostéopathe de ressentir des zones d’hypertonicité musculaire chez le patient et de les relâcher. C’est moins glamour que de ressentir des micro-mouvements des os du crâne mais c’est quand même intéressant.

Or nous l’avons vu, le tonus musculaire peut-être affecté par un effet idéomoteur.

La tonicité musculaire du cou (ou du corps) du patient pourrait-elle dépendre, entre autres, de ses propres (ndlr du patient) effets idéomoteurs ?

La posture du patient pourrait-elle dépendre d’effets idéomoteurs ?

Le patient et le thérapeute pourraient-ils communiquer par effets idéomoteurs interposés ?

Relâcher des tensions musculaires pourrait-il affecter la psychologie du patient ?

 

Pour répondre à ces questions plongeons nous dans une branche assez récente de la psychologie cognitive :

L’embodiment

L’embodiment c’est l’interrelation qui existe entre le corps et l’esprit et ce de manière inconsciente.

On discerne 2 types d’embodiment, l’embodiment top-bottom qui est l’influence du psycho sur le soma (effet idéomoteur) et l’embodiment bottom-up qui est l’influence du corps sur notre psychologie, un effet moteur-idéo en quelque sorte.

Pour le moment nous allons voir que le premier type d’embodiment le top-bottom ou psycho-somatique.