On ne peut que recommander à chaque ostéopathe d’avoir sur sa table de chevet un équivalent du Mercks afin de revoir signes et symptômes de chaque pathologie, mais il peut-être aussi intéressant de se poser la question suivante afin de savoir exactement quelles pathologies on devrait vraiment regarder :
Quelles sont les pathologies que l’on sous-diagnostiquerait ?
Pour répondre à cette question il faut mettre en balance l’incidence ou la prévalence des pathologies avec le nombre de patients différents que l’on voit chaque année.
Incidence ou prévalence ?
L’incidence c’est le nombre de nouveaux cas par an pour 1000, 10 000, ou 100 000 habitants. La prévalence c’est le nombre de cas moyen à un instant « t » dans une population.
On pourra alors mettre en évidence grâce à l’incidence la « chance » que l’on a de voir un patient non-diagnostiqué ou qui le sera dans l’année pour telle ou telle pathologie, et pour la prévalence cela donnera une idée du nombre de cas pathologiques que l’on a en cabinet chaque année comparé à la moyenne nationale.
La prévalence est donc moins pertinente pour savoir si on sous-diagnostique ou non, mais elle permet de donner une idée de la représentativité de l’échantillonnage de sa patientèle. C’est aussi un bon indicateur pour des troubles qui seraient sous-diagnostiqués comme par exemple « les intolérances ». La prévalence reste tout de même un indicateur du sous-diagnostique dans la mesure où il y aurait un écart important entre la prévalence officielle et celle de notre cabinet, bien que cela puisse aussi évoquer que vos patients ont de mauvais médecins traitants.
Ce calculateur d’incidence ou de prévalence est-il précis ?
Vous comprenez bien que les chiffres suivant sont des approximations et en aucun cas l’admin ne se décrit comme expert en statistique. Cependant un simple produit en croix peut donner une grossière idée de la fréquence de trouver telle ou telle nouvelle pathologie chaque année en cabinet.
Il existe plusieurs raisons pour lesquelles il puisse y avoir un écart avec les statistiques de son cabinet :
1. de nombreux patients âgés (80 ans et +) ne consultent pas d’ostéopathes alors que c’est un groupe dans lequel les incidences de certaines pathologies fatales (problèmes cardiaques, cancers, insuffisance rénales…) sont élevées.
2. d’autres biais peuvent exister comme votre profil de patientèle, son niveau social (population plus aisée), la région dans laquelle vous professez…
Combien de cas pathologiques l’ostéopathe devrait être à l’origine de la découverte
On ne peut pas s’attendre à ce que l’ostéopathe soit à l’initiative de toutes les découvertes pathologiques au même nombre que celui du niveau statistique en raison notamment des 2 points précédents mais aussi de :
1. De nombreux symptômes de pathologies sérieuses vont pousser le patient à d’abord consulter leur médecin, l’hôpital ou les pompiers au lieu de leur ostéopathe.
2. Un patient qui prend un traitement médicamenteux continu voit souvent son médecin pour le renouvellement d’ordonnance, peut-on alors imputer un retard de diagnostic pathologique à son ostéopathe ? (7Millions de français sous statine, près de 14M des français sous psychotrope, 48 boîtes en moyenne par an, en 2000 + de 4M de femmes sous pilule…) Il est intéressant de noter que plus de 80% des moins de 50 ans voit au moins de 1 ou 2 fois leur médecin chaque année et 67% pour les plus de 50 ans ont vu leur médecin plus de 3 à 6 fois Insee.
3. Certains patients vont pour leur symptômes aussi voir leur kiné ou leur pharmacien ; ils devraient eux aussi être responsable pour tout retard de diagnostic
À cause notamment de ces différents points on pourrait considérer de manière arbitraire qu’à peu près 20% (assiette large afin de se mettre la pression) de l’incidence des pathologies devraient être sur la piste de la découverte par l’ostéopathe (pour les patients qui consultent un ostéopathe bien sûr !). Vous l’avez compris ce nombre varie en fonction de plusieurs paramètres dont le type de pathologie et la sévérité des symptômes, le nombre de patients « anti-médecins », la fréquence des rendez-vous chez l’ostéopathe…
Ainsi si il existe une forte discordance entre l’incidence d’une pathologie et le nombre de patients que vous avez renvoyer au médecin pour une suspicion de cette pathologie alors il serait possible que vous sous-diagnostiquiez cette pathologie particulière. Cela devrait alors vous inciter à plus de vigilance concernant les signes et symptômes de cette maladie.
Par exemple :
Vous traitez en moyenne 800 différents patients par an. L’incidence du cancer est de +/- 4/800 personnes (voir ci-dessous). Ainsi chaque année à peu près 4 de vos patients ont dû développer un cancer. Si depuis 2 ans vous n’avez jamais été à l’origine d’1 ou 2 découvertes (environ 20%) de cancer en ayant renvoyé un patient chez son médecin pour ses symptômes alors il est fort probable que vous sous-diagnostiquiez ce type de pathologie chez vos patients.
Pour utiliser le calculateur suivant remplissez la première case : le nombre de patients différents que vous voyez par an. À la suite du calculateur ou ici vous retrouverez un lien vers les différentes pathologies avec des références et l’explication de l’exploitation « statistique » de la prévalence ou de l’incidence.
D’autres pathologies seront rajoutées à ce calculateur très prochainement, si vous avez des suggestions n’hésitez pas à m’en faire part !
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Conclusion
Il nous est souvent reproché, à nous, ostéopathes exclusifs, d’être dangereux pour le patient car nous serions inaptes au diagnostic différentiel. Par contre les podologue-ostéopathes, kiné-ostéopathes, sagefemme-ostéopathes, psychomotricien-ostéopathes, infirmier-ostéopathes sont évidemment beaucoup plus aptes à cet exercice car ils sont « professionnels de santé », même si dans leur cursus ils ne sont pas plus formés à le faire, et même si ce double titre soulève des ambiguïtés déontologiques.
Autant on pourrait reprocher à l’ostéopathe de ne pas suspecter une pathologie latente chez un patient qui en expresse des signes probants, autant on ne peut pas lui reprocher de suspecter une pathologie chez un patient qui n’a pas de signes probants et qui ne réveillerait pas non plus un doute chez son médecin traitant, ou encore toute pathologie qu’il a développé avant ou après le traitement et qui a été diagnostiquée par le médecin.
Or il est à rappeler que de nombreux patients verraient beaucoup plus souvent leur médecin que leur ostéopathe (rappel 67% des patients de plus de 50 ans verraient plus de 3 à 6 fois par an leur médecin ! Insee)
Si les médecins étaient si inquiets pour le danger de sous-diagnostiques posé par les ostéopathes, on pourrait alors trouver naturel qu’ils veuillent les 2 choses suivantes :
_ Que les ostéopathes exclusifs soient mieux formés que les 2660hrs officielles actuelles, ce que réclament aussi les ostéopathes exclusifs. Mais c’est très certainement sous le lobbies des kinés et médecins que le décret de 2009 prévoyant d’augmenter le niveau de formation à 3520hrs a été annulé (voir ici , ici et ici).
_ Soit que les médecins veuillent jouer un rôle de thérapeute référant pour les ostéopathes exclusifs, et/ou travailler en collaboration avec des ostéopathes afin de faciliter le partage de points de vue au niveau thérapeutique/diagnostic mais étrangement ils l’interdisent aussi pour le même motif : la sécurité des patients voir ici et surtout ici.
Sauf paranoïa de notre part il semblerait qu’il y ait un double langage permanentde la part de certains lobbies, et que l’ostéopathe exclusif n’aient pas le droit d’exister en France.
En attendant un changement de mentalité, nous nous devons pour chaque patient, et à chaque traitement de faire un diagnostic d’exclusion et donc différentiel pour être certain que l’on puisse offrir un traitement de manière saine et sauve et référer le patient si il y a doute sur une possible pathologie sous-jacente.
Comme vu dans l’article « ostéopathie : une thérapie de première intention » Si après 2 traitement il n’y a pas d’améliorations il est nécessaire par mesure de précautions que l’ostéopathe envisage de référer le patient pour de plus amples investigations et non pas attendre la fin de 10 ou 20 séances comme cela pourrait être le cas en kinésithérapie.
De part la nature même de l’ostéopathie nous avons un biais cognitif évident à privilégier la dysfonction mécanique à l’existence d’une pathologie. Et il est certainement vrai que cela puisse retarder, pour certains patients, l’accès à des soins médicaux appropriés pour une pathologie sous-jacente qui feindrait des symptômes musculo-squelettiques ou qui serait silencieuse.
Afin d’être totalement objectif il faudrait aussi que le corpus médical reconnaisse le nombre de fois où :
_les ostéopathes sont à l’origine de la découverte de certaines pathologies (parfois même lorsqu’un diagnostic médical passait à côté)
_que le fait qu’un patient qui n’aille pas mieux après 1 ou 2 traitements d’ostéopathie est aussi un fort indicateur du fait qu’une pathologie est possiblement à l’œuvre, favorisant un état de méfiance du médecin sur la possibilité d’une pathologie latente, l’incitant ainsi à demander des examens complémentaires qui se révèleront alors positifs. Lui donnant par un biais cognitif l’impression du danger de l’ostéopathe, alors qu’il l’aurait tout aussi sous-estimé.
_Les patients ont pu arrêter de prendre des AINS grâce au traitement de leur ostéopathe exclusif qu’ils prenaient de manière chronique alors que leur fatalité est estimé à près de 1/1220 personnes pour 2 mois de cure et/ou près de 1500 patients décédés par an ! ici, ici
Il est aussi étonnant de voir que les ostéopathes seraient même susceptible de sur-diagnostiquer des pathologies car sous-diagnostiquées par les médecins eux-mêmes ! Comme par exemple les syndromes d’Ehlers-Danlos, ou encore les capsulites rétractiles. Des pathologies qui se suspectent avant tout en ayant un contact humain avec ses patients…
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