Cet article est avant tout une analyse des petits paradoxes en ostéopathie, notamment ceux qui révolvent autour de la qualité d’un ostéopathe.
Courbe de Gauss
La courbe de Gauss ressemble un peu au serpent du petit prince, celui qui a mangé un éléphant. Elle permet d’exprimer la notion de répartition dans une population. La majorité tourne autour de la moyenne (bosse de l’éléphant) et les extrêmes sont rares (queue et tête du serpent). Ceci est aussi vrai pour les ostéopathes: la grande majorité d’entre nous est moyen-mauvais ou moyen-bon et seulement une minorité d’entre nous est soit très mauvaise ou très bonne.
Exemple de courbe de gauss: Répartition de la qualité des ostéos
Recommandation
L’ostéopathie étant encore récente dans notre pays, de nombreux patients n’ont encore jamais consulté d’ostéopathe. Lors de leur première consultation ils n’ont donc aucun moyen de comparer la qualité de l’ostéopathie offerte par leur ostéopathe. Ainsi est-il intéressant d’entendre des commentaires « j’ai un très bon ostéopathe » ou encore « l’ostéopathie j’ai essayé, ça ne m’a rien fait ».
Il a été prouvé que notre incompétence dans un domaine est un facteur limitant en la reconnaissance de la compétence de quelqu’un d’autre en ce domaine. En bref si vous êtes compétent vous êtes apte à juger de la compétence de quelqu’un d’autre, mais si vous êtes incompétent vous n’êtes pas apte à le faire. Il est donc peu probable qu’un patient puisse reconnaître les compétence de son ostéopathe car ce même patient (à moins d’avoir été adepte depuis des années à l’ostéopathie) sera inapte à juger des compétences de son ostéopathe. Ce patient se basera essentiellement sur le fait qu’il aille mieux ou non pour juger l’ostéopathe qui l’a traité. Cela semble plus que légitime, mais en fait ceci est une cruelle erreur! En effet la plupart de nos maux aigus se résolvent d’eux mêmes au bout de quelques semaines. Ainsi même un médiocre ostéopathe en faisant deux-trois manipulations n’aura point de mal à « débarrasser », ne serait-ce que temporairement, le patient de sa douleur. Pour le patient, il va mieux grâce à ce traitement, son ostéopathe est donc nécessairement compétent! Erreur de jugement.
Cette thérapie se reposant essentiellement sur le bouche-à-oreille, les conseils du style: « va voir mon ostéopathe il est très bon » ne seraient donc pas forcément si raisonnables à suivre!
Je ne vais pas mieux après le traitement alors mon ostéopathe est incompétent ?
Si un patient ne va pas mieux après un traitement quelle conclusion hâtive que de décréter cet ostéopathe incompétent et de ne pas retourner le voir. Le fait que vous n’alliez pas mieux est un facteur important dans la réorientation du diagnostique et du traitement. Une cause pathologique peut être la cause de vos symptômes et le fait que vous reveniez le voir sans amélioration est un indice supplémentaire vers cette pathologie.
A une phrase de l’excellence
Un jour un patient me raconte qu’il avait jadis consulté un ostéopathe qui l’avait complètement « retourné ». Pendant trois jour il avait eu mal partout. Ce patient avait classé son ostéopathe dans la catégorie « mauvais ostéopathe« .
Ce qui est assez malheureux car il nous arrive d’oublier de prévenir le patient que les 2 à 3 jours suivant un traitement il est normal que les douleurs s’amplifient ou que d’autres puissent apparaître. Cette phrase est anodine mais permet de changer radicalement le point de vue du patient sur le traitement! Ainsi à une phrase près, le « mauvais » ostéopathe serait devenu aux yeux du patient un ostéopathe compétent.
Le délai d’attente pour un RDV est fonction de la qualité de l’ostéopathe
« Mon ostéopathe est très bon, il y a 2 semaines d’attente pour prendre un RDV »…
Le piège classique! il est vrai qu’un ostéopathe compétent qui exerce depuis longtemps puisse être complet longtemps en avance, mais qu’en est-il d’un ostéopathe peu scrupuleux qui fait revenir ses patients toutes les semaines ?Effectivement une longue liste d’attente es possiblement signe d’un ostéopathe qui vous arnaque!
L’approche ostéopathique Anglo-saxonne a une tendance plus musculo-squelettique et symptômatique que l’approche française. Ils ont tendance a faire plus souvent revenir leur patient qu’en France. Ils ne leur est donc pas difficile de remplir un cabinet. En France par exemple certains kiné-ostéopathes peu scrupuleux bénéficient d’une prescription médicale pour 10-20 séances de kinésithérapie qu’ils vont détourner en séances d’ostéopathie (voir ambiguïté des kiné ostéo). Si chaque patient revient chaque semaine, 50 nouveaux patients tous les 2 mois suffisent pour afficher complet sur 2 mois! Alors qu’un ostéopathe compétent devra lui voir près de 150 nouveaux patients tous les 2 mois pour afficher complet!
La durée d’attente pour prendre un RDV n’est donc pas synonyme de qualité d’ostéopathie mais est plus certainement un indice de revenu de votre ostéopathe.
Le thérapeute précédent est-il vraiment si mauvais?
Les patients qui viennent nous consulter sont souvent allés voir d’autres thérapeutes avant de venir nous voir. Si ils viennent nous voir c’est qu’ils n’ont pas été satisfait de l’approche précédente. Nous voyons donc les échecs des autres thérapeutes. Mais nous ne voyons que rarement les patients que les autres thérapeutes ont réussi à traiter. Ainsi nous avons l’illusion que les autres thérapeutes sont généralement incompétents.
Ceci explique que certains médecins ont forcément une appréhension des ostéopathes car ils vont très certainement voir des patients que les ostéopathes ont échoué, mais rarement ceux qui vont mieux. Aussi de nombreux patients nous rapporte ne pas vouloir avouer à leur médecin qu’ils consultent un ostéopathe de peur de se faire réprimander. Dommage.
C’est aussi l’une des raisons qui puisse expliquer que certains ostéopathes ou thérapeutes soient si imbus de leur personne. Car seuls les patients qui vont mieux ou qui sont contents reviennent nous voir, laissant très peu de place au feedback négatif. Pour le thérapeute 90-95% de ses patients tirent un réel bénéfice de son unique approche.
Le coût de la consultation est-il fonction de la qualité de l’ostéopathie
En France les tarifs d’un traitement ostéopathique s’échelonnent entre 45 à 120€, en fonction de la qualité de l’ostéopathe, de son expérience, du temps passé et du lieu où le traitement prend place. Il est raisonnable de penser qu’un traitement d’une heure va coûter plus cher qu’un de 30 min, et qu’un ostéopathe expérimenté à Paris va coûter 2 fois plus qu’un « newbie » qui travaille au fin fond du Jura.
Maintenant peut-on se fier au coût de consultation pour évaluer la qualité de l’ostéopathe? Nous l’avons vu, non car un mauvais ostéopathe expérimenté à paris va coûter cher. Mais d’autres phénomènes intéressants prennent aussitôt place:
Le coût de consultation n’est pas vraiment un élément prohibitif de consultation mais plutôt un élément qui va limiter le nombre répété de traitements. En effet si un ostéopathe charge 100€ la séance, il est possible, même pour un budget relativement serré de consulter une fois dans l’année. Par contre revenir 2 semaines plus tard pour un « check up » est vite significatif d’un trou important dans le budget du mois. On peut vite se rendre compte que les patients qui viennent voir un ostéopathe plus cher vont avoir tendance à revenir moins souvent. Ceci influe donc sur l’ostéopathe et sa vision de l’efficacité de ses traitements.
Mais la patientèle va aussi changer: c’est à dire que les patients qui peuvent s’offrir une séance à 100€ auront tendance à gagner bien leur vie. De facto leur profession est plus sédentaire et moins traumatique physiquement. Alors que les plus petits salaires auront tendance à avoir un travail plus physique (maçon, peintre, manutentionnaire, éboueurs…) Quelle est la patientèle qui aura le plus de problèmes musculo-squelettiques chroniques, difficile à traiter et qui demandera un nombre plus élevé de séances? Exactement, la seconde.
Ainsi le coût de consultation crée un filtre de patientèle efficace et par conséquent influe dramatiquement sur la récurrence des consulations et sur « l’efficacité thérapeutique » de l’ostéopathe.
Ainsi un ostéopathe cher verra moins souvent ses patients non pas seulement par ses capacité thérapeutique, mais car le coût même de la consultation est un facteur limitant de la récurrence et que le type de patientèle qui vient au cabinet aura une vie plus sédentaire et moins traumatique physiquement.
La longueur d’une séance en ostéopathie a-t-elle un rôle sur la qualité du traitement?
(N’oubliez pas de jeter un oeil à l’article comment choisir son ostéopathe ou Le placebo dans l’ostéopathie qui sont complémentaire de l’article précédent)
Bonjour,
J’ai bien apprecié votre analyse sur « Quelle est la différence entre un bon et un mauvais ostéopathe? »
Cette vision des choses est également la mienne.
Bon courage pour le développement de vos activités pro ostéo.
Cordialement
Loïc
Merci Loïc pour ton message,
Sincèrement,
Pierre
[…] Jetez un oeil à l’article les petits paradoxes du bon et du mauvais ostéopathe […]
[…] Votre ostéopathe « Les petits paradoxes du bon et du mauvais ostéopathe […]
[…] le coût de la consultation: Le coût du produit influe aussi sur son efficacité! Certaines personnes prétendent que les médicaments génériques ne sont pas aussi efficaces, cela pourrait venir du fait qu’ils sont moins chers et du coup leur effet placebo est moindre. On interprètera cela comme: “Les génériques sont moins chers c’est parce qu’ils sont de moins bonne qualité” au lieu de “les médicaments originaux étaient hors de prix, les industriels pharmaceutiques se sont vraiment gavés pendant qu’ils avaient le brevet.De la même manière, le fait qu’un patient doive payer pour un traitement ostéopathique contribue aussi à une partie de l’effet placebo. Car premièrement c’est assez cher (50-60€) et deuxièmement en France on ne paye généralement pas pour la santé. Il est évident que le patient n’a pas envie de dépenser 50€ pour rien, il va donc se mettre dans un état d’esprit “je veux aller mieux”. De plus Il va respecter le traitement, car comme il a payer de sa poche le traitement, les jours suivant il va prendre soin de lui pour éviter tout trauma et ne pas “gâcher” le traitement. […]
Bonjour,
C’est en effet une bonne explication de la différence entre ces deux pratiques manuelles, j’ai également écris un article à ce sujet sur mon blog, n’hésite pas à me donner ton avis.
Voici l’article : http://blogosteopathie.free.fr/index.php/difference-entre-kinesitherapie-et-osteopathie/
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Blog Ostéo
[…] thérapeutique ostéopathique. Cette tendance tendrait à prouver alors que la différence entre un très bon ostéopathe et un bon ostéopathe n’est que marginale sur les douleurs musculo-squelettiques […]
voila apres une consultation chez un ostheo g une bosse derrire a droite de la tete qui et un peu douloureuse si je touche mes sans maux de tete je suis d’un naturelle tres enxieux donc je voulé savoir se que sela pourez etre
merci de me rep
Bonjour Adrien,
Pas évident de vous répondre sans vous voir,
Il est possible que ce genre de bosse puisse être une inflammation au niveau de l’insertion occipitale du trapèze associée à une irritation du nerf grand occipital. Si vous appuyez à cet endroit cela peut recréer des maux de tête.
Cependant ne prenez pas cette supposition comme un diagnostic, il est préférable que vous preniez contact avec votre ostéopathe ou avec votre médecin,
Take Care,
merci
j’ai consulté mon hostheo il ma examiné et ma dit que sela etait une contracture musculaire du au sport et a une legere scoliose sela devree partir dans 2 3 jours d’apres lui me voila rassuré mes je trouve se phenomene tres etrange et inconue se qui laisse penssé a une multitude de chose alors que sela et a priorie banale
[…] si son ostéopathe ou chiropracteur est compétent ou non n’est pas évident. Cependant le patient peut se permettre de suspecter une arnaque si son […]
[…] A la suite de la réaction d’un ami concernant un article que j’avais écrit sur l’homéopathie, j’ai pris la décision de le supprimer. Cet article était effectivement assez véhément envers l’homéopathie, et ce n’est pas à un ostéopathe de faire cette critique. Faisons confiance aux homéopathes pour qu’ils questionnent et doutent de certains aspects de leur propre thérapie pour la faire avancer, comme nous avons pu le faire envers l’ostéopathie sur ce site ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici,ou encore ici. […]
[…] 31. Petits paradoxes du bon et du mauvais ostéopathe […]